Il y a 8 ans, le 24 juillet 2011, je perdais mon premier bébé.
wouah déjà. J’ai l’impression que cette petite âme est partie hier.
Je me rappelle très précisément de toutes les sensations que j’ai expérimenté lors de cette journée du 23 juillet alors que tu nous avais sans doute déjà quitté et que ton corps physique restant cherchait à se frayer un chemin vers la sortie, à quitter ce triangle féminin si douillet.
C’est fou quand même que tu aies choisi d’initier ta sortie le jour de la fête d’anniversaire des 60 ans de ma maman, ta grand-mère. C’est fou, oui.
Je suis passée de la sensation d’être mère à la sensation d’être vide. De la sensation de sens à la sensation d’inutilité. De la sensation de joie et fierté à la sensation de tristesse et de honte.
J’ai rêvé et souhaité très fort qu’ils m’euthanasient à l’hôpital quand je suis allée confirmer ce que je savais déjà : ton départ. Et non, ils ne m’ont pas euthanasié. Je suis repartie avec ton papa et ta tante sans voix, sans corps, les yeux hagards, le ventre tuméfié.
Ton départ a été une nouvelle occasion de me confronter à moi-même, aux questions profondes et existentielles que j’ai toujours fui ou que j’affrontais uniquement dans le drame et le fantasme d’une séparation terrestre.
Une nouvelle fois, je n’ai pas réussi à plonger dans l’intensité de ce que je ressentais. Il m’a fallu rapidement trouver une béquille pour éviter de traverser l’intense, traverser le vrai.
Alors vite, au lieu de, au lieu…
Et bien j’ai trouvé de quoi éviter une nouvelle fois ma question profonde.
J’ai couru vers une question de surface pour éviter.
Alors j’ai surinvesti.
J’ai surinvesti.
J’ai surinvesti.
J’ai surinvesti ma maternité.
Et j’ai conclu : Être mère ou ne pas être.
Un beau cocktail pour éviter de vivre ma vie, ma putain de vie.
Ne pas être : la mort
Être mère : la vie
La vie sans être mère : la mort
Maîtriser la vie : personne ne sait faire
Et pendant ce temps là à Veracruz : Kolo ne vit pas, elle survit.
Chaque mois, elle pleure dans sa rivière rouge.
Oui, j’ai beaucoup pleuré et mon bas-ventre aussi.
Pleuré à attendre, espérer, fantasmé la vie rêvée où je serai mère.
Puis les mois deviennent des années et mon corps dysfonctionne à hauteur de l’intensité que je refuse de traverser pour vivre et non survivre. Je frôle le syndrôme OPK. Je suis en déficit d’hormones. Je développe toutes sortes de symptômes. Je suis à côté de moi.
J’ai créé mon nouveau système pour éviter de vivre ma putain de vie.
Vivre sans être mère n’est pas possible. Je perds mon intuition, je perds mon ancrage à la terre, je perds le putain de feu qui m’anime. Je m’éloigne chaque jour un peu plus de moi-même en surinvestissant cette mission d’être mère.
Être mère ou ne pas être.
Subtil, c’est très subtil.
Et pendant ce temps-là à Veracruz : Kolo ne vit pas, elle survit.
Et pendant ce temps-là à Veracruz : Kolo n’agit pas, elle surréagit à l’extérieur.
Et pendant ce temps-là à Veracruz : Kolo ne dit pas, elle crie de l’intérieur.
Et puis il y a eu
Le jour où j’ai décidé d’arrêter de survivre.
Le jour où j’ai décidé de regarder la question de fond.
Le jour où j’ai décidé de repérer mon système pour agir dessus.
Merci.
Et toi alors, as-tu une mission de vie que tu surinvestis pour éviter de vivre ta putain de vie et traverser l’intense que ça implique dans sa simplicité et sa sincérité?
With Love from Kolo
✨
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